«Pour des travaux de la société Galère à la centrale nucléaire, 40 ouvriers portugais devraient être logés, un an au moins, dans des conteneurs. Aucune commune ne veut être complice de dumping.
La mission confiée par un intermédiaire à la société wanzoise Lovema (spécialisée dans les constructions modulaires) n’est pas simple. Il lui faut trouver un terrain capable d’accueillir 40 conteneurs où loger autant d’ouvriers portugais attendus sur un chantier que la centrale nucléaire de Tihange a confié à la société Galère après marché public. Les communes de Wanze, d’Amay et la SPI +, en tant que gestionnaire du zoning de Villers-le-Bouillet, ont été contactées par la société Lovema pour tenter de trouver un endroit. À chaque fois, la directrice a essuyé un refus. «On m’a demandé de trouver un terrain de 1 400 m2 où placer 40 modules individuels pour une durée d’un an au moins, confirme Monique Trine, la general manager. Ma première difficulté est de trouver un endroit déjà équipé par les impétrants pour les sanitaires, l’électricité… Ensuite, il faut reconnaître qu’il y a une crainte sur le respect des lieux comme cela a déjà été déploré par le passé dans pareil contexte lors du chantier à Biowanze. Troisièmement, les autorités sont logiquement attentives aux conditions de respect du voisinage. Normalement, je dois avoir trouvé une solution pour début août. Il me reste encore une petite alternative, mais…»
Mais, la partie est loin d’être gagnée pour des raisons touchant d’une part à la disponibilité de terrains et au respect du cadre légal en matière urbanistique. «Tout d’abord, établir des modules sur un terrain pour une longue durée relève déjà d’une question de permis, souligne Jean-Michel Javaux, le bourgmestre d’Amay premièrement sollicité pour son terrain dévolu à l’accueil des gens du voyage en tant que commune pilote en la matière. La directrice de Lovema s’était logiquement tournée vers nous pour voir s’il y avait possibilité d’envisager un séjour de longue durée en dehors des mois d’occupation. Or, outre le fait que c’est la SPI + qui gère ce terrain d’ailleurs pas assez grand par rapport à cette demande, notre refus se base notamment sur le règlement limitant une présence à 15 jours maximum.»
Une deuxième lecture de la situation a fait pencher encore plus la balance du côté du refus. C’est que hors toute considération raciste ou xénophobe liée à la nationalité des ouvriers concernés, les interlocuteurs sollicités placent la demande au cœur du débat sur le dumping social. «Oui, le collège communal s’est posé la question du dumping social alors que le secteur de la construction est à l’agonie, confirme Jean-Michel Javaux. Je me rappelle que la présence d’ouvriers polonais sur le chantier de rénovation des logements de la cité d’Amay avait suscité pas mal de commentaires à l’époque. Certains ont l’impression qu’on vient prendre leur boulot, sans pour autant tomber dans le racisme.»